Jean-Pierre Boutinet
Professeur émérite de l'Université catholique de l'Ouest (Angers)

Aménager ses temporalités différentes façons de vivre le temps

Nous avons le temps de rien faire…, nous manquons de temps…, tu as tout le temps pour toi…, prends donc ton temps… ! Dire que le temps est un concept polysémique jusqu’à renfermer des contradictions avec lui-même relève de l’évidence. Il est utilisé en une variété de sens et ce indifféremment par le scientifique, qu’il soit physicien, biologiste, psychologue ou économiste et par le commun des mortels, lorsque celui-ci organise sa vie quotidienne ou lorsqu’il est soucieux de connaître « le temps qu’il va faire » à travers les dernières prévisions météorologiques. Mais en passant du temps à son paronyme temporalité, tout change : nous sommes là en présence d’un terme beaucoup plus précis pour définir la durée qui s’écoule en séparant deux évènements ou deux marqueurs, ce que déjà les latins appelaient temporitas et qu’ils opposaient à aeternitas, cette éternité faite d’une durée sans limites. Si le temps dans son éternité intéressait hier le théologien pour penser un possible salut, comme il intéresse aujourd’hui l’astrophysicien en quête de l’une ou l’autre forme d’irréversibilité, la temporalité ou plutôt les temporalités puisque ces dernières sont éminemment plurielles et relatives les unes par rapport aux autres. Elles constituent un outil précieux pour aider le chercheur en sciences sociales à cerner ce qui fait la spécificité du temps humain, ce temps vécu qui n’est ni éternité, ni irréversibilité mais variantes incessantes de continuités, ruptures, retours en arrière, polarisations. Or ces variantes à appréhender peuvent être rangées dans l’une ou l’autre des deux classifications suggestives pour rendre compte des temporalités, celle de la bipartition et celle de la tripartition.

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