Le concept de projet qui est devenu une préoccupation lancinante chez nos contemporains est apparu subrepticement avec l’avènement de la modernité. Son origine va de pair avec la première modernité de la Renaissance, tout spécialement italienne qui a été soucieuse de repenser l’art de bâtir en donnant naissance au projet architectural, ordonné à la création d’un édifice par la maîtrise du passage du dessein au dessin. Une seconde modernité, celle des Lumières, typiquement française celle-là, émerge courant 18ème siècle en faisant appel au projet, le bras armé du progrès, pour envisager l’avenir, notamment dans le domaine politique : il est opportun ici d’évoquer la place prise par l’écrit de l’abbé de Saint-Pierre en 1717 avec son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, le premier projet de société, aux dimensions de l’Europe, qui sera repris à la fin du 18ème siècle par le philosophe allemand E. Kant dans son ouvrage Vers un projet de paix perpétuelle écrit en 1795. La troisième modernité est une modernité industrielle initiée par les Etats-Unis d’Amérique au milieu du XXème siècle dans le contexte de la Seconde guerre mondiale avec le lancement dans les organisations des premières formes de la gestion par projet à travers notamment la figure du project management. Mais c’est avec les années 1970-1980 et l’avènement d’une nouvelle ère historique, celle dénommée postmodernité que le recours au projet, jusqu’ici réservé dans ses usages à une certaine élite va se démocratiser en se généralisant aux différents groupes sociaux pour penser toute forme d’avenir désiré : du projet d’orientation du jeune au projet pédagogique de l’enseignant en passant par le projet d’entreprise ou d’établissement ou encore la gestion par projet…
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